Saluqi dans le désert
Actualité publiée le 25/08/2019
Il y a quelques années, Chloé s'échappait en pleine nuit de notre jardin de Sharjah, Emirats Arabes Unis, fuyant les bruyants feux d'artifice lancés depuis la dune adjacente. Impossible de la suivre, elle disparaissait dans la nuit malgré nos appels et sa mère et sœur à nos côtés.
Le lendemain, la jolie blonde n'étant pas revenue, une longue recherche se mettait en place, commençant pas une visite de tous les voisins du compound "occidental" puis de l'émirati de l'autre cote de la route. Personne n'a vu une Saluqi crème, et dieu sait si les gens peuvent reconnaitre les seuls chiens « propres » aux yeux des musulmans. Déception énorme et début d'une angoisse lancinante.
Affiches placardées, appels aux services de la municipalité, aux cliniques vétérinaires, tournées en 4x4 dans le désert, de jour comme de nuit, aucun signe de vie. Les températures atteignent et dépassent 50 degrés à l’ombre dans la journée, mais comment pourrait-elle trouver de l’ombre si elle s’est effectivement perdue dans le désert, alors que seuls quelques petits buissons épars jonchent les dunes brulantes. Deux journées se passent, aucun signe de vie, certains nous font part de leurs soupçons : un si beau Saluqi pourrait bien avoir été volé, et séquestré dans une maison ou une cour a l’abri des regards. Le désespoir s’installe, le quadrillage de toute la région jusqu’à l’autoroute, et des zones du désert accessibles en 4x4 jusqu’aux abords du Palais de Sharjah ne donne toujours rien. Au troisième jour, toujours aucune trace, Nahema parcourt le désert avec enthousiasme à la recherche de sa fille, nos pieds sont en lambeaux, et toujours rien.
Au quatrième jour nous pensons l’avoir perdue, sans eau personne ne peut survivre par des telles températures, nous nous mettons même à espérer qu’elle ait été volée, car au moins, elle serait en vie. Et dans la soirée soudain, Nahema et Prada s’agitent et se rendent au portail, se mettent à danser et pleurer. Une silhouette claire et famélique se dessine, se rapproche et passe avec facilité entre les barreaux. Chloé ! la truffe et les coussinets brulés et pelés (elle en conserve une coloration irrégulière due aux brulures profondes subies pendant son exposition), les espaces interdigités infectés et à vif, d’une maigreur affolante. Elle se jette sur l’eau, boit jusqu’à ressembler à un ballon, puis mange, et va se coucher. Simplement, au milieu de sa famille Saluqi en joie. Incroyable résistance physique, et sens de l’orientation.
Ce qui s’est passé durant ces quatre jours restera un mystère mais elle qui mangeait sans trop d’appétit conserve depuis une certaine propension à boire et manger avec excès. On n’est jamais trop prudente quand on vient du désert !